Quand un entrepreneur parle, les jeunes écoutent : Leçon de vie, d’éthique et de partenariat avec M. Antoine Thierry Vanté
Ce lundi 28 avril, au Centre Diocésain des Arts et Métiers (CDAM), on aurait pu croire qu’un PDG venait recruter sa prochaine équipe de direction. Mais non. C’était bien plus profond que ça. Monsieur Antoine Thierry Vanté, entrepreneur chevronné et propriétaire du Vétiver Hills (Restaurant et Hôtel) aux Cayes, avait accepté l’invitation de la Direction du CFP pour venir donner le Mot du jour. Et quelle parole vivifiante pour nos jeunes esprits des deux groupes (matin : Électricité, Ebénisterie, Construction Bâtiment) et après-midi : Bar Restauration et Arts Ménagers) !
Ce moment, inspiré de la tradition salésienne chère à Don Bosco, s’est transformé en une masterclass de vie, de professionnalisme et surtout, de conscience citoyenne. Oui, nous parlons bien de ce rituel quotidien où, en principe, un membre du personnel glisse quelques gouttes de sagesse dans l’oreille de nos futurs. es professionnels.elles Mais ce jour-là, c’était du condensé de mentorat entrepreneurial made in Cayes !
Quand l’expérience prend le micro
À 7 ans, d’autres jouaient encore avec des billes. M. Vanté, lui, entamait déjà ses premiers pas dans le monde du travail. Aujourd’hui à la retraite — enfin, une retraite toute relative puisqu’il gère toujours un business — il continue d’exercer sa passion pour le service et l’entrepreneuriat avec la même ardeur. Et ce n’est pas pour se distraire, mais pour, dit-il, « occuper son temps sainement et dignement ».
L’assistance a vibré lorsqu’il a déclaré, avec une conviction rare :
« Ce n’est pas un pays qui fait d’une personne humaine ce qu’elle est… C’est la personne humaine qui fait le pays. » (Peyi pa fè mou-n, se mou-n kif è peyi).
Et comme pour s’assurer que personne ne rate la pépite, il l’a répétée deux fois, comme un refrain qu’on chante à l’église.
L’hospitalité : premier produit à vendre
Monsieur Vanté a abordé un aspect souvent négligé dans les formations professionnelles : l’attitude.
Avant même de vendre un sandwich, un téléphone ou une coupe de cheveux… c’est l’hospitalité que l’on vend. Et ça, les jeunes l’ont bien noté. Car derrière un bon produit ou un bon service, il y a d’abord une personne honnête, motivée et respectueuse.
Il a aussi rappelé la nécessité d’agir avec conscience professionnelle, fidéliser les clients.es et savoir se vendre sans se vendre.
Un chemin balisé vers le succès… mais pas celui qu’on croit
Monsieur Vanté a ensuite livré sa recette (secrète mais généreusement partagée) du succès :
- Commencer par la base
- Élaborer un plan
- Passer à l’action
- Gagner de l’argent
- Se discipliner
- Devenir obsédé.e par l’excellence
- Créer de l’impact.
Et c’est là toute la différence avec la vision mercantile habituelle. Le succès n’est pas dans le compte en banque, mais dans la capacité à améliorer la vie des autres. Former, embaucher, inspirer, partager. Voilà les vrais KPI (indicateurs de performance) selon M. Vanté.
Quand un entrepreneur fait de la pédagogie… on comprend mieux pourquoi les partenariats sont vitaux
Il n’a pas manqué de souligner l’exemple des Salésiens du CDAM, qui forment depuis des générations des jeunes compétents.es et engagés.es, à l’image des anciens.nes comme M. Garry Delinois et M. Rebecca Ronald, aujourd’hui des techniciens reconnus dans leur domaine.
Et là, nous touchons un point crucial : le partenariat entre les entreprises et les Centres de Formation Professionnelle (CFP).
Car soyons honnêtes : les CFP ne forment pas pour eux-mêmes. Ils forment pour les entreprises. Ce sont donc les entreprises qui doivent venir dire quels sont leurs besoins. Mieux encore : elles doivent ouvrir leurs portes pour des stages pratiques. Et pas des stages bidon, non. Des stages rémunérés, parce que nos jeunes travaillent dur, connaissent leur métier et participent activement à la production.
Certaines entreprises, hélas, ont oublié que ces stagiaires sont des professionnels.elles en devenir. Exiger de l’argent pour les recevoir ou les laisser travailler sans leur offrir de quoi manger ou se déplacer… n’est ni moral, ni stratégique. Ce n’est pas juste une question de bonté : c’est une stratégie gagnant-gagnant.
Créer une saine compétition dans les régions
Pourquoi ne pas lancer un défi ? Et si chaque entreprise d’une région soutenait son CFP local ? Non seulement cela garantirait des jeunes mieux formés.es, mais cela renforcerait le tissu économique régional. Les entreprises ont tout à gagner à investir dans la jeunesse.
Stephlyne Leila Paul parle pour toute une génération
Le moment fut clôturé avec beaucoup d’émotion par Leila, étudiante en Bar Restauration II, qui, au nom de tous.tes ses camarades, a remercié M. Vanté en ces termes :
« Ce sont des choses qu’on a l’habitude d’entendre ici déjà, mais c’est beau de les réentendre de la part d’un entrepreneur de carrière comme vous. Vos paroles sont tombées dans une bonne terre. Elles porteront du fruit. »
Merci à Monsieur Antoine Thierry Vanté pour sa générosité, sa disponibilité et surtout, pour avoir cru en notre jeunesse. Vous avez semé des graines. Et nous savons déjà que la moisson sera belle.
Quant à nous, chers lecteurs et lectrices, n’oublions jamais que la formation professionnelle n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Et qu’un mot du jour, bien prononcé, peut parfois valoir une année de cours.
Par P. Mytilien A., sdb